Les premières expositions d’art biotechnologique ont suscité dès leur début l’indignation du public. Certaines entités biologico-futuristes exposées interrogent, voire sont susceptibles de produire dégoût ou peur de la part d’un public pressentant la menace d’un posthumanisme et un transhumanisme naissant. À cet égard, notre propos est d’interroger
l’émergence de ces productions contestées non d’un point de vue artistique, mais d’un point de vue éthique, l’art ayant transgressé depuis longtemps les valeurs esthétiques traditionnelles au nom de son autonomie. Suscitant de nombreux débats et controverses, cette mouvance artistique « hors limites » semble dessiner les contours d’un nouvel ordre social. Pour étayer
notre propos, nous nous appuierons sur quelques réalisations d’art biotechnologique afin de savoir si ces conduites « bioartistiques » révèlent une inertie morale de la part de certains artistes fascinés par la reprogrammation technique du vivant ou, au contraire, si de tels
travaux sont susceptibles de légitimer une nouvelle forme de bioéthique dans le contexte technoscientifique actuel et à venir.